de journée brumeuse.
Le soleil n'a pas percé les nuages.
Pour LaKoPinE2LINSTANT, les pitchoux, ce matin, étaient très énergiques. Mais sitôt le grand pré vert installé, l'attention fut libérée : qu'allait-il se passer ?La carapace d'une tortue, un collier perdu à chercher, un oeuf qui n'est rien qu'un oeuf, un livre qui vole ! Normal c'est Livre-Oiseau....
La cinquante cinquième page a libéré pour eux, une poésie délicieuse d'Eric Salomon intitulée "Le baiser", soit sa cinquième phrase
"... au petit scarabé.."
Jolie journée qui s'est poursuivie auprès du grand Johan -qui n'a que 1 an- Et de Anton le tranquille, qui n'est pas son grand frère. Très clair : "Petit Zèbre trotte" les emporte et cette fois au rythme d'une maracas. Voir leurs sourires fait franchement plaisir.
Linstant ne veut pas entacher ce billet, cependant, elle habite Rennes et à quelques minutes près, aurait pu, ce mercredi passé, assister à une malheureuse défenestration. 28 ans, et papa depuis peu. Il faut parfois, et en effet, beaucoup de courage pour affronter l'intégration, voir l'éviction au su et au vu de tous, dans et par un groupe. Beaucoup de force pour ne pas passer par la fenêtre. Quelle tristesse.
Un disparu par jour c'est un peu trop, peut-être, pour une même ville.
Y en a qui disent, y en a qui ne disent pas. Chut, se taire et raconter des histoires. Celle-ci par exemple
de cet homme qui trouvait les autre Hommes (penser Humains, inclure les Femmes) tristes, déçus, défaitistes, manquant d'enthousiasme, incapables.... de répondre à un BBonJouRR. C'est grave. C'est quoi un Bonjour Un tout ou rien, ou un rien du tout, quelque chose qui ne coûte rien, qu'un instant, le temps de desserrer les lèvres et de le prononcer, le temps de soulever son chapeau et de le faire entendre.
Cet homme qui trouvant les autres Hommes (penser Humains, inclure les Femmes) aussi fragiles décida de tout faire pour les transformer. Il eut alors l'idée de se mettre à l'angle d'une rue, au rond d'une place, aux toits en forme de tulipes inversées, aux cheminées en forme de tuyaux d'orgue. Il s'y mit peu importaient les vents, la neige, le froid, le soleil. Il était là, certain de faire du bien aux Autres Humains.
Au tout premier jour, les Humains surpris, ralentirent le pas. Ecoutèrent. S'arrêtèrent. Pour écouter mieux, davantage. Quelques jours ils firent ainsi. Mais la vie va, le travail, la pression, les soucis. L'homme lui, certain de ses certitudes étaient là, chaque matin, à la même heure. Et il disait.
Par exemple l'histoire de la femme qui parlait sur un rocher. Sans cesser de parler. Elle disait des contes merveilleux. Sans même prendre le temps de se reposer de boire. De quoi se poser la question suivante : Que se passerait-il si la femme arrêtait de parler ?
Pire ou mieux, si on l'arrêtait de parler ?
Par exemple, celle de Nazreddine qui avait un âne. Le voisin le savait bien qu'il avait un âne Nazreddine. Alors on peut imaginer sa tête, quand un matin il eut besoin d'un âne. Pourquoi pas celui de Nazreddine ? Le voisin traversa la rue. Il frappa à la porte. La porte s'ouvrit, Nazreddine apparut. Le voisin le salua. Quelle surprise quand Nazreddine lui répondit qu'il nepouvait lui prêter son âne, son âne n'était pas là.
Au même instant l'âne s'est mis à braire.
"C'est pourtant bien ton âne que j'entends braire, Nazreddine, pourquoi me dis-tu que ton âne n'est pas là ?"
Nazreddine répondit "Mon âne n'est pas là un point c'est tout et puisque je te le dis, tu pourrais tout de même me croire !"
Juste à cet instant l'âne se mit à braire pour la troisième fois.
"Mais enfin Nazreddine, c'est tout de même bien ton âne que j'entends braire là !"
"Dis-moi voisin depuis quand crois-tu plus l'âne que le maître ?"
Nazreddine ce jour-là salua son voisin et referma la porte.
Par exemple, celle de cette jeune femme qui danse au cours d'une soirée dans le palais d'un sultan, la danse des sept voiles. Elle fait si bien bruire, ses sequins, si bien frissonner son corps, qui devient source, ou fontaine, bascule si bien sa gorge et son buste à la renverse, que les hommes qui la contemplent n'en peuvent plus de la désirer. Mais voilà la danse terminée. La jeune danseuse aux longs cheveux noirs et bouclés, quitte la scène à reculons. Puis elle s'élance dans les escaliers, entre dans la roseraie, se précipite auprès d'une fontaine de marbre, s'allonge sur le large et frais rebord et trempe sa main droite dans l'eau. Comme elle la relève, quelques gouttes tombent sur son corps et la rafraîchissent. Dans un ultime laisser aller, elle ferme les paupières.
Un jeune homme émoustillé l'a suivie.
Il se penche et l'interroge : "Vous aimez la volupté"
Elle ouvre les yeux et lasse, répond "Je ne connais pas ce mot !"
Les jours, les mois passent, peut-être même les ans. Plus personne ne s'arrête pour écouter l'homme. Mais l'illuminé continue de conter. Parfois un enfant l'écoute. Un jour celui-ci l'interpelle, en tirant sur sa manche
"Monsieur, monsieur"
".... Quoi, qu'y a-t-il petit ?"
"Il y a Monsieur, que personne ne vous écoute, pourquoi continuez-vous de parler ?"
"Ecoute petit, répond l'homme, qui est maintenant devenu aveugle, avant je contais pour changer le monde ; aujourd'hui je conte pour que le monde ne me change pas !"
Belle soirée, à bientôt