Le jeune adolescent ne cessait d'aller de quinte de tous en quinte de toux d'éternuements en éternuements.
Linstant s'est éloignée. Elle s'assied autant que faire se peut sur une de ces bande-repos totalement inconfortables que l'on installe aujourd'hui dans les abri-bus. Contrebasse sur le dos un jeune voisin l'accueille avec le sourire. Timide Linstant s'exprime.
"Bonsoir, excusez-moi, je me rapproche pour éviter la grippe" Il regarde le jeune ado qui quinte, sourit et répond
"On peut éviter la grippe, il suffit d'être ocm"
????
"Je veux dire "oranges, citron-mandarine" chaque matin. Au moindre prémisse je suis aussi Vert-Fex ! ça marche, je suis très rarement enrhumé"
Petite conversation, séparation, leurs directions ne sont pas identiques. Moment sympathique que ce transfert d'informations-conseils de la génération la plus jeune à la génération plus ancienne. Merci pour le conseil et Joyeux Noël jeune musicien.
D'où revenait-elle Linstant à une heure aussi tardive ?
De la présentation amicale, musicale, conteuse et joyeuse du CD "M... Petit Merle Malin" (10 €, soit trois fois rien, procurez-vous-le, c'est un plaisir). Conteur, Xavier Lesèche, harpiste, et chanteuse la musicienne-chanteuse Mandragore.
Suivie d'une scène ouverte après quelques régalades repas et boissons. Pour le plaisir des mots, des rimes, des "allitérassions", des sons, des musiques en guitare et chansons. De l'écoute de la copine de Linstant, qui s'élance après Jean Pierre Mathias et les aventures du jeune Gargantua, dans une histoire incroyablement faussement vraie. Jugez-en
Elle dit il y avait il n'y avait pas
on n'en sait même rien car cette histoire se passera en 2044.
Brrrr il fera froid très très froid. Il y aura une maman et son enfant. Déposées à l'aéroport par la voisinequi ne tardera pas à s'esquiver. A l'occasion des vacances de Noël. L' avion prêt à prendre, à l'aéroport de Rennes St Jacques qui ne sera plus l'aéroport de Rennes St Jacques. La destination, Toulouse. L'enfant et sa maman n'auront encore jamais pris l'avion. Pour l'enfant, c'est la fiesta.
Quand elles entreront dans l'aérogare, un homme attirera tout de suite l'attention de la maman. Un homme qu'à défaut de reconnaître, elle saura avoir déjà rencontré. C'est sûr elle le connaît. Mais où l'a-t-elle vu ? Ses yeux petits et vifs, brillent de vivacité dans un visage tout parcheminé. Son corps, trapu et corpulent, est visiblement bien ancré, dans le sol. Où l'a-t-elle vu, mais où l'a-t-elle vu ?
Les voyageurs et leurs bagages envahiront le hall de l'aérogare. Deux départs seront annoncés à quelques minutes l'un de l'autre aux alentours de 21 h Marseille d'abord. Toulouse ensuite. Toulouse. L'enfant sera rieuse, pressée de se rapprocher de sa grand-mère aimée. Pressée de savoir "comment ça fait Maman quand on décollera ?"
"Où l'a-t-elle vu, où l'a-t-elle vu" a pour destination Toulouse aussi. La maman se posera la questiion à chaque fois que leurs regards se croiseront.
Les voyageurs pour Marseille seront appelés dans le salon d'attente. Quelques minutes plus tard un message les invitera à quitter celui-ci.
"Les voyageurs pour Marseille sont avisés que pour cause de gel inhabituel, la piste est impraticable. L'avion de Marseille ne s'arrêtera pas à Rennes. Il poursuivra son trajet sur Nantes !"
Les voyageurs à destination de Toulouse seront invités à leur tour à pénétrer dans le salon d'attente. Ils auront ôtés leurs chaussures, leurs chapeaux, leurs portables, leurs e-books, ils auront vu leurs squelettes sur écran et surtout, comme les voyageurs du vol pour Marseille ils entendront le message aérien les prévenir :
"Les voyageurs à destination de Toulouse sont avisés que pour cause de gel inhabituel, la piste reste impraticable. L'avion de Toulouse ne s'arrêtera pas à Rennes. Il poursuivra son trajet sur Nantes !"
"Il faut que nous allions à Nantes pour prendre l'avion Maman" dira étonnée, une petite voix de fille"
"Je ne sais pas" répondra la Maman, "allons voir".
Il sera difficile de s'approcher du guichet de "désembarquement" Les hôtesses d'accueil seront débordées et prises à partie par des voyageurs mécontentes. Les questions et les mauvaises humeurs fusent.
- Qu'en sera-t-il des enfants qui voyagent en accompagné ?
- Des deux Iintouchables en fauteuil roulant ?
- Des personnes âgées qui s'effraient à l'idée de rester seules dans l'aérogare, sans hôtel à l'horizon ?
- Et demain matin, y aura-t-il d'autres départs.
Les hôtesses se voudront rassurantes. Elles répondront,sacré réconfort, qu'il y aura, d'abord et avant tout, le départ des vols réguliers. Il y aura des récriminations. Elles répondront
"Accordez-nous le temps de trouver des solutions Messieurs-Dames, ce n'est pas une situation facile pour nous non plus !"
La Maman de l'enfant regrettera le départ de l'aimable voisine. Mais elle ne se précipitera pas au guichet. Les contingences matérielles la dépassent Fidèle à elle-même, elle tendra l'oreille, observera, écoutera. Par exemple l'homme qu'elle appelle "Où l'a-t-elle vu". Il se tient debout auprès d'elle et à voix haute il déclare "Et bien moi, foi de Rennes, je vais me louer une voiture. Qui m'aime me suive"
L'amour-foudre tombe instantanément sur la maman de l'enfant.
"Comptez-sur moi pour le faire, nous sommes deux !" "C'est d'accord" répondra l'homme aux petits yeux vifs et rieurs. "Comptez sur moi aussi, je vous suis !" dira une autre voix qui tombe du ciel. Dieu qu'il est long celui-ci qui vient de s'exprimer. "Rentrera-t-il dans la voiture ?" On verra bien, pensera la Maman.
"Formidable" répondra celui qu'elle appelle désormais Oùlatellevu. "J'ai fait le plein. Louons. Et embarquons"
Oui ça se passera comme ça.
Il louera le véhicule. Malgré le froid, malgré le verglas. Elle insistera.
"Ne croyez-vous pas que si verglas pour les avions, verglas pour les véhicules !"
"Ne vous inquiétez pas, j'ai loué un véhicule exceptionnel. Il n'a jamais besoin d'anti-gel !"
Elle se montrera curieuse, qu'est-ce à dire ? Elle ne sera pas déçue : sur le parking une longue limousine, rouge et verte. Inhabituelles couleurs il est vrai, mais un max de chevaux sous le capot et du cuir partout.Ils arriveront après le réveillon mais dans le plus grand confort.
La Maman s'installera à l'arrière auprès de son enfant. Elle posera la tête de l'enfant sur ses genoux. Les ceintures permettront ce geste en ce temps-là. L'enfant s'endormira immédiatement. Le jeune homme s'installera auprès du conducteur. Totale aisance !" Le voyage sera long. La maman apercevra les yeux du conducteur dans le rétroviseur et elle se posera encore la question "Où l'a-t-elle vu, où l'a-t-elle vu?" Mais à peine davantage.
Car une chose exceptionnelle se passera. Le démarrage se fera sans clef de contact. Le toit se fera décapotable. Le capot avant se soulèvera. Le moteur disparaîtra, comme le capot. La Maman se félicitera de voir son enfant toujours endormie, en voyant disparaître le volant et apparaître des clochettes, et des bois de rênes pour de vrai. Et comme la maman sait qu'elle ne rêve pas, elle le reconnaîtra. Elle saura où elle l'a vu. Dans les rues. Elle pensera à voix haute, alors il l'entendra. Et répondra " Pas du tout, je ne vais jamais dans les rues, je ne file que sur la voix lactée ; je suis le vrai Père Noël, et d'ailleurs trêve de temps perdu, il faut que je distribue mes paquets aux enfants du monde. A nous la Voie Lactée et vous deux, préparez-vous à m'aider !"
Quel voyage, quelle nuit, quelle aventure ! De Tombouctou à Moscou, de New York à Vladivostoc, de Zanzibar à Montréal, Père Noël s'est arrêté à toutes les cheminées. Il n'en a manqué aucune et le grand jeune homme et la maman glissaient les paquets par la cheminée et plus ils glissaient les paquets et plus les cadeaux s'accumulaient dans le traîneau du Père Noël. L'enfant dormira au désespoir de la Maman. Comment la petite fille pourrait-elle la croire, plus tard.
Et les étoiles applaudissaient, les filantes filaient, la lune s'inclinait. Soudain le jeune homme a crié"Père Noël, arrête-toi, je suis arrivé, je reconnais la cheminée de la maison de mes parents, je reconnais la fenêtre de ma chambre !""
Tu as raison,je la reconnais aussi, je m'arrête et toi, tu descends"
Le long jeune homme s'étonnera "Que je descende sur le toit ? Tu plaisantes Père Noël" tu veux que je descendes par la cheminée ? " "C'est la coutume mon fils le soir de Noël, je le veux !" Trêve de tergiversations, le jeune homme descendra du traîneau, touchera d'un doigt les clochettes tintinnabulantes, tracera sur la neige du toit. Mais devant la cheminée il montrera un brin d'hésitation. "C'est simple" dira Oùl'astuvu clignant de l'oeil, "imagine que tu sois le plus beau des cadeaux, allez, vas-y ! tu le seras !"
Il se glissera sous les yeux grands ouverts et interrogateurs de la jeune maman. Devront-elles en faire autant. ,
"Mais bien sûr évidemment, et surtout n'oublie pas ton enfant car la voilà ta cheminée, je la reconnais !"
Ce sera vrai. Elle reconnaîtra la route étroite, la terrasse, la cheminée et surtout sa famille qui s'étonnera en les voyant apparaître tenant debout dans les flammes.
"Que se passe-t-il ? Vous voilà ? Aux informations ils ont dit que vous arriveriez avec un jour de retard ! Comment êtes-vous arrivées ?"
L'enfant soulèvera les épaules. De sa petite voix elle dira
"Maman dit que c'est le Père Noël qui nous a conduites ici !"
La famille répondra en choeur "Si ta mère le dit, fillette crois-la, ta mère a troujours aimé raconter des histoires faussement vraies !" Et la grand-mère dira "Assieds-toi : le principal est que vous soyez avec nous pour partager la nage aux écrevisses, en voulez-vous, elles sont de Beaucaire ? "
Attention pas le Beaucaire d'Avignon, le Beaucaire qui se trouve sur la route de la petite Marie qui cherchait son pain rond doux chaud et sucré, le sacré pain de Monsieur Larroque le Boulanger de la Place des Cornières !!!!!"
"C'est drôle tout de même" dira quelqu'un," toutes ces tâches noires que tu as sur tes habits tes mains et ton nez, c'est peut-être vrai finalement ce que dit ta mère, tu es peut-être vraiment passée par la cheminée ? "
L'enfant regardera son nez dans la coupe miroir de la coupelle de cristal. Elle aura un doute "Et si les fausses vérités de Maman étaient vraies ?"
"Allez fillette cesse de rêver dira Grand-Mère, mange, c'est Noël !"
Et pour ce jour l'histoire est finie.
Pour de vrai.
Répondeur du jour Bonjour Jeudi 22 décembre, plus que 3 jours avant la grande nuit.
Rubans, papiers, reflets, éclats, couleurs, chaleurs. Il ne fait toujours pas froid.
Merci pour votre message, belle journée à bientôt
La soirée s'est déroulée au bar Le Papier Timbré, rue de Dinan